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couvmag-part1Final

Lonicéra - Le peuple oublié est un roman de style fantasy.

 

L'intrigue est axée autour de la quête personnelle que mène chaque être pour arriver à la réalisation de soi.

Océane en est le personnage principal. Elle est humaine. En tout cas, c'est ce qu'elle pense. Elle est orpheline. C'est ce qu'on lui a toujours dit. Elle est journaliste, pragmatique et rationnelle.

 

Lors d'un reportage, elle se retrouve plongée dans le monde magique des fées et des elfes, au coeur de l'Ecosse des légendes, à mille lieues de l'idée qu'elle se fait de la vie.

 

Après des débuts difficiles et le refus d'un tel choc des cultures, elle va de découverte en découverte, et remet en cause tout ce qu'elle tenait jusqu'alors pour acquis. Elle apprend les Energies de la Terre, et le sens des mots amitié, solidarité, partage et amour. Elle devient alors Lonicéra, une fée aux pouvoirs exceptionnels, mue par l'instinct et l'émotion, fille des Elus de la Déesse, vouée à rétablir le déséquilibre qui s'installe dans le monde magique. Un jour, elle a une révélation de taille : ses parents ne sont pas morts et ont été enlevés par la personne qui menace l'équilibre de ce monde, la reine Rana.

 

Lonicéra entreprend alors un long périple semé d'embuches au travers des contrées inexplorées du monde magique, afin de défaire la reine malfaisante et délivrer ses parents. Mais le mal peut-il être détruit ? Rien n'est moins sûr...

 

Extrait n°1 :

 

 " (...) Avant qu'elle n'ait pu mettre une signification sur ses paroles, l'homme la poussa dans l'eau sans détour en lui criant :

 

-          Bonne chance, fille de l'Elue !

  

            En une fraction de seconde, elle fut plongée dans une sorte de rêve éveillé. Elle s'attendait à ressentir le froid et l'humidité de l'eau sur son corps, s'insinuant dans ses habits. Elle pensait déjà à la manière dont elle allait ressortir de là, engoncée dans son jean stretch qui se serait resserré sous l'influence de l'eau ! Mais ces questions furent bientôt évincées par une sensation étrange. Elle venait à l'instant d'être plongée dans de l'eau glaciale comme un vulgaire objet dont on voudrait se débarrasser, mais elle ne ressentait sur son visage, sur sa peau, qu'une douce pression légèrement fraîche comme la rosée du matin, et un doux parfum de mousse dans les sous-bois où elle se promenait autrefois avec sa grand-mère... Etait-elle en train de mourir ? De nombreuses personnes sortant d'un coma avaient relaté par la suite cette impression d'enfermement dans un monde intérieur, peuplé de souvenirs, bons comme mauvais. Ces promenades avec sa Rubinette avaient été les plus beaux moments de sa vie, en tout cas, ceux dont elle se souvenait. Ça devait être ça, mourir... Et cette lumière blanche ! Les comateux la décrivaient souvent aussi !

 

            Alors qu'elle s'attendait à s'enfoncer dans la torpeur de ce cocon lumineux, le halo devint de plus en plus fort et elle fut projetée dans les airs avec grâce. Elle crut qu'elle volait... elle était libre!!! Le temps n'avait pas d'importance, le lieu ne l'intéressait guère plus. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était libérée de toutes ces contraintes qui lui empoisonnaient la vie. Personne ne l'attendait chez elle. Peut-être que Jeff serait un peu triste, et encore... Elle n'avait jamais rien fait pour lui être agréable ! Malheureusement pour elle, la dure loi de la gravité la rappela bientôt à terre et au fait qu'elle n'était pas morte. Elle s'écrasa au sol, toute grâce oubliée, à la manière dont s'écrasent les crêpes quand on les fait sauter dans la crêpière. Elle n'avait pas dû chuter d'une grande hauteur, mais ses côtes lui laissaient penser qu'elle n'aimerait pas renouveler l'expérience ! Elle était couchée au sol, la tête dans la boue, du lichen plein les cheveux... Ses vêtements !!! Dans quel état devaient être ses vêtements !!! Oh ! Ce bougre d'imbécile ! Il allait avoir de ses nouvelles ! Quand elle aurait réussi à se relever, elle irait lui casser la figure sur le champ !

 

Elle se releva tant bien que mal, tous les membres endoloris, et regarda autour d'elle. Elle se trouvait dans un sous-bois qui exhalait un parfum de mousse, celui-là même qu'elle avait senti quelques instants plus tôt. Le temps était comme figé, les arbres centenaires semblaient la protéger, mais les craquements des branches bougeant avec le vent, les petits cris des animaux à la recherche de nourriture ou autre préoccupation de survie, avaient quelque chose d'un peu effrayant. Quelle belle figure de style, pensa-t-elle. Etait-ce un euphémisme, un oxymore, ou... Elle ne se souvenait plus vraiment. Quoi qu'il en soit, comment quelque chose pouvait-il être “un peu” effrayant ? Quelque chose d'effrayant est effrayant, un point c'est tout ! Cette pensée n'avait rien pour la rassurer, et elle décida d'essayer de faire abstraction de sa peur pour comprendre où elle était. Elle se retourna, et vit derrière elle, dans la direction d'où il lui semblait avoir fait son vol plané, une lumière franche entre deux arbres : deux hêtres parfaitement symétriques, espacés d'une cinquantaine de centimètres environ, plantés là, au milieu d'une forêt de chênes. Un sentier bordé de lichen s'arrêtait à cet endroit. Cela avait quelque chose d'étrange, mais pas plus étrange que cette lumière scintillante, persistante, comme venue de nulle part. Quand Océane s'en approcha, le halo commença à se dissiper dans un léger grésillement, et au loin, la jeune femme crut entendre la voix du pêcheur lui répétant cet encouragement : “Bonne chance, fille de l'Elue”.

 

Qu'avait voulu dire le vieil homme ? En tout cas, il l'avait bien bernée ! Avec ses airs de père Noël, elle avait commencé à lui faire confiance, et voilà où ça l'avait menée ! Où cela l'avait-il menée d'ailleurs ? Un instant plus tôt, elle était plongée dans de l'eau qui n'était pas mouillée... l'instant d'après, elle volait pour s'écraser dans une forêt ! Il n'y avait rien de logique là-dedans ! Cependant, le caractère pragmatique d'Océane lui permettait de faire abstraction de toute forme d'imagination. Elle comprendrait ce qui s'était passé en temps et en heure. Pour le moment, il fallait sortir de cette forêt effrayante (et pas qu'un peu !), et retrouver une forme de vie humaine qui pourrait la raccompagner à l'hôtel, où elle pourrait se changer, et mettre des vêtements propres.

 

Alors qu'elle allait faire un premier pas, elle eut l'impression d'être comme retenue au sol. Elle regarda ses pieds, et s'aperçut que ses beaux souliers blancs de facture italienne, qu'elle n'avait acheté que quelques jours plus tôt, étaient embourbés jusqu'en haut des talons dans la terre meuble du sous-bois. Excédée par cette situation, elle se mit à crier, à jurer, comme si elle récitait toutes les vulgarités qu'elle connaissait, à trépigner dans la boue sans réussir à désincarcérer ses talons. Enfin, ses efforts furent récompensés, les talons libérés, et la jeune femme au sol tombée. Avec toute la dignité qu'il lui restait encore, elle se releva et partit en suivant le chemin déjà tracé.

 

            Elle se sentait transie de froid et de peur, l'un allant probablement avec l'autre. Elle grommelait, grommelait, et grommelait encore. Enfin, elle arriva à la lisière de la forêt et aperçut au loin une charrette tirée par des chevaux qui s'éloignait sur la route. “Tiens, ils font une reconstitution historique ? Je ne le savais pas !” se dit-elle. Elle héla l'homme qui conduisait ses bêtes. Il s'arrêta, se retourna et attendit qu'elle arrive à sa hauteur.

 

-          Ah ! Que je suis contente de vous voir !

 

 L'homme la dévisageait comme s'il avait vu une soucoupe volante, mais elle n'y prêta pas attention. Dans l'état où elle devait être, elle serait certainement méfiante si elle se voyait elle-même arriver en courant, en criant à l'aide, les cheveux ébouriffés, les vêtements crottés, et un talon cassé. Un talon cassé !!! Non ! Bon, tant pis, elle aurait tout le temps de s'en occuper plus tard. Elle reprit à l'intention du fermier :

 

-          J'ai dû tomber dans l'eau, mais bizarrement, je ne suis pas mouillée – je ne suis pas folle – j'ai atterri dans la forêt en vol plané – je ne suis pas folle, hein ! – et me voici sur cette route que je ne connais pas, parlant à un parfait inconnu qui a... des oreilles pointues !!! Je crois bien que je suis folle !!!

 

-          Tu n'es pas folle ! J'ai bien des oreilles pointues ! Et les tiennes sont rondes, ce qui fait de toi une humaine, alors que je suis un elfe."

 

Extrait n° 2 :

 

"La journée se passa ainsi, à flatter la beauté du soleil et de la forêt, à danser et rire, des senteurs safranées ajoutant à la gaité et à la désinhibition du moment. Les animaux venaient se mêler au flot des fées qui les encerclaient alors en s'inclinant devant leur beauté et leur souhaitant une progéniture en bonne santé. Ces mêmes fées qui l'instant d'après voletaient en tous sens, profitant de la chaleur du vent retrouvée grâce aux bienfaits du soleil d'été.

Océane et Hédéra dansaient et chantaient, tournoyaient sur elles-mêmes, l’esprit embrumé par la joie ambiante. Soudain, alors qu’elle reprenait son équilibre après avoir tourné sur elle-même pendant plusieurs minutes, Océane vit un elfe au visage souriant qui la fixait. Il semblait flotter dans les airs, sa peau translucide laissant filtrer les rayons du soleil. Elle s’approchait de lui quand un groupe de fées sautillantes l’entraîna dans une folle farandole. Déstabilisée, Océane perdit l’elfe de vue, et quand elle se retourna pour le regarder à nouveau, il avait disparu. Elle le chercha du regard pendant une bonne partie de la soirée, mais dû se rendre à l’évidence que son imagination lui avait joué des tours !

Vers la tombée de la nuit, des lumières bleutées s’allumèrent dans les arbres provenant des nombreuses lucioles venues accompagner les festivités. Les fées se rassemblèrent au centre du village arboricole, là même où s'était ouverte la rose d'Hédéra. A cet endroit, les chants redoublèrent et une voix plus profonde s'éleva, suivie par l'apparition de volutes de vapeurs scintillantes au milieu desquelles un visage d'une grande beauté apparut. Toutes les fées et les elfes mirent un genou à terre en signe l'allégeance. Océane et Hédéra les imitèrent.

-          Peuples de la forêt ! Je viens à vous en cette célébration du solstice d'été pour vous dire à quel point je suis fière de vous. Ophrys, la Douce et Bienveillante, ma représentante parmi vous, m'a fait part de toute la volonté que vous avez mise pendant l'hiver à sauvegarder les arbres et les fleurs de la maladie que cause le froid. Notre forêt est magnifique et tout cela ne serait pas possible sans vous ! – Toutes les fées avaient relevé la tête lorsque la Reine avait commencé son discours, et toutes semblaient fascinées, envoûtées par les paroles de leur souveraine – De plus, je ne vous remercierai jamais assez d'avoir accueilli parmi vous les deux personnes que nous attendions depuis si longtemps. Hédéra, Lonicéra – tous les visages s’étaient tournés vers elles – soyez les bienvenues. Vous faites désormais partie des nôtres. Puisse la Déesse vous accorder toute sa grâce dans les tâches qu'Elle vous destine… Et maintenant, mon bon peuple de la forêt, continuez à chanter, à danser, que la forêt et toute la nature renaissent de votre célébration !

Le nuage de vapeur s'évanouit alors, laissant les fées dans un état second pendant plusieurs minutes avant que les célébrations ne reprennent. Océane, quant à elle, préféra s'éloigner de la fête, n'étant pas certaine de ce qu'elle venait de ressentir. Hédéra la suivit, toute excitation retombée pour elle aussi. Elles se comprirent sans se parler. Il y avait quelque chose d'étrange dans cette apparition, outre le fait que c'était une apparition et que ce n'était pas tous les jours que ce genre de choses arrivaient. La Reine Rana venait de faire un beau discours, mais les deux amies ressentaient un malaise sous-jacent, comme si ces paroles qui se voulaient bienveillantes étaient empruntes de mépris, de haine même ! Hédéra avait appris à Océane que la reine s'était retirée il y avait de nombreuses années dans son château de l'autre côté du monde magique pour être en sécurité. La malheureuse avait en effet eu les ailes mutilées par des elfes rebelles et sa demeure était le seul endroit où elle fût sûre que sa protection pourrait être assurée par sa garde personnelle. Alors qu'elles échangeaient ces pensées, un autre nuage de vapeur apparut, plus petit celui-ci, et une fée amaigrie, mais d'une grande beauté, ressemblant étonnement à la reine, vêtue des haillons, s'adressa à elles.

-          Je suis Myrtis, la Voyageuse, Elue du peuple des fées. Si je peux enfin te voir, mon enfant, ma petite Océane, Lonicéra, c'est que le moment est venu pour toi d'accomplir ton destin. Je n'ai que peu de temps, mes pouvoirs s'affaiblissent. Je suis prisonnière dans ce cachot, je ne saurais dire à quel endroit. Va à la colline, mon enfant, et accomplit ton destin. Je t'aime... 

Sur ces paroles, le nuage disparut avant qu'Océane n'ait eu le temps de dire un mot. Elle aurait voulu la retenir, lui dire qu'elle aussi, elle l'aimait, qu'elle viendrait à son secours, mais tout s'était passé si vite qu'elle n'arrivait plus à réfléchir de façon cohérente.

Hédéra se rapprocha d'elle et lui posa la main sur l'épaule ; elle lui dit dans un murmure : « Il est temps, prenons du repos et mettons-nous en route. »

Les rêves que fit Océane cette nuit-là furent peuplés du visage émacié de sa mère, et de bourreaux sans figures qui l'empêchaient de la retrouver. Au moment où elle sentait qu'elle allait elle-même se faire capturer, apparaissait devant elle le visage de l’elfe souriant, celui qu’elle avait aperçu lors de la fête, qui la rassurait en lui disant de ne pas s'inquiéter, que tout se passerait bien. Elle n'avait jamais vu son visage avant ce soir, mais elle avait confiance en lui. Il était beau et la profondeur de sa voix et de son regard le rendaient désirable. C'est avec la conviction qu'il veillerait sur son sommeil qu'Océane réussit enfin à s'endormir.

Elle n'était plus Océane, fille d'humains ; elle était Lonicéra, fille d'une fée et d'un humain, et son destin venait de se mettre en marche."



Extrait n° 3 :

 

 

 

 

" Les quatre compagnons se reculèrent de la table et la voix et le visage de l’elfe se déformèrent de concert.

-          Les ennemis de notre bonne reine sont nombreux, et nous devons les éliminer !

Elle hurlait, à présent, et son énergie éclata dans la pièce, faisant s’envoler les objets autour d’elle qui s’écrasèrent les uns contre les autres. Alors que Briag essayait d’atteindre Lonicéra, il fut projeté contre Kieran. Les deux elfes se débattaient alors qu’une force invisible commençait à les enserrer, les maintenant l’un contre l’autre, les enchaînant par des liens magiques. Hédéra, fut happée par le mur végétal, des racines la maintenant collée contre le mur. Des ronces en sortirent et s’enroulèrent autour d’elle, leurs épines s’enfonçant dans ses chairs. Elle cria sous le coup de la douleur, mais la vieille elfe se tourna vers elle et, d’un geste de la main, lui intima l’ordre de se taire. La jeune fée n’eut d’autre choix que d’obéir, contrainte par cette puissance qu’elle ne pouvait combattre.

-          Viens à moi, Lonicéra, et deviens la servante de la Reine Rana, Pleine de Charmes, ou tes amis mourront !

Sa voix était méconnaissable, comme sortie de nulle part. Lonicéra se sentait désemparée devant pareil spectacle. Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire. Elle, qui était d’habitude si sûre d’elle, doutait à présent de ses capacités. Quel humain n’aurait pas réagi de même dans pareille situation ? Elle sentit alors une présence s’insinuer dans son esprit :

«  Ne t’inquiète plus, Lonicéra, tu vas y arriver. » C’était la voix de Briag qu’elle entendait dans sa tête. Elle tourna son regard vers lui. Bien qu’il ne puisse plus bouger, il avait réussi à communiquer avec elle d’une manière détournée. «  Tu es la clé, celle qui permettra de rétablir l’ordre des choses. As-tu compris ce qui se passe ? » Elle acquiesça d’un signe de tête. « Alors, fais ce qu’il faut. J’ai confiance en toi. Ne te laisse surtout pas aveugler… » Et la voix de Briag s’éteint.



 

Suivant son instinct, Lonicéra sortit la dague de son fourreau. "

 

 

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